La chape, c’est un peu la base invisible de vos sols, cette couche de mortier qui, une fois posée, se doit d’être impeccable : plane, solide, prête à recevoir le revêtement de votre choix, du carrelage au parquet. Et si je devais retenir une chose de mes années sur les chantiers, c’est que bien doser son mortier, ça change tout. Aujourd’hui, on explore ensemble le dosage du mortier chape à 350 kg/m³. Pourquoi ce dosage précis ? Comment l’appliquer correctement ? Et quels pièges éviter ? Suivez-moi, je vous embarque dans le cœur du sujet, avec quelques anecdotes et astuces de pro en bonus.
Pourquoi un dosage à 350 kg/m³ ?
Tout dépend de la destination de la chape. Le mortier dosé à 350 kg de ciment par mètre cube de sable est communément utilisé pour les chapes dites « adhérentes » en intérieur, destinées à recevoir du carrelage ou d’autres revêtements rigides. Ce dosage assure une bonne résistance mécanique tout en permettant une mise en œuvre relativement facile.
Sur les chantiers, on croise souvent ce dosage pour des sols soumis à des charges courantes, notamment dans les maisons individuelles ou les appartements. Il s’agit d’un compromis efficace entre solidité et maniabilité du mortier. En dessous, la chape peut être trop friable. Au-dessus — par exemple à 400 ou 450 kg/m³ — on parlerait d’usage plus industriel, ou de contraintes spécifiques (passages de véhicules lourds, zones commerciales, etc.).
Les ingrédients : du solide et du précis
Composer un mortier chape à 350 kg/m³, c’est un peu comme faire de la pâtisserie : la rigueur est essentielle. Voilà la liste des ingrédients de base :
- Ciment : 350 kg par m³, on opte généralement pour un ciment de type CEM II/B 32,5 ou 42,5.
- Sable : Un sable propre, à granulométrie 0/4 mm, qui assure un bon lissage.
- Eau : Environ 16 à 18 litres pour 35 kg de ciment, mais on ajuste en fonction de la consistance. La chape ne doit être ni trop sèche, ni trop liquide.
- Adjuvants (facultatif) : Un plastifiant peut améliorer la maniabilité sans ajouter trop d’eau, évitant ainsi une baisse de résistance.
Important : ne remplacez pas le sable par un mélange sable-gravier, comme pour du béton. Ici, on veut une pâte fine, compacte, qui puisse être tirée au niveau avec précision.
Concrètement, comment s’y prendre ?
Posez-vous cette question : combien de mètre carré à couvrir ? Quelle épaisseur de chape ? À partir de ces données, vous pouvez calculer le volume total à produire. Une chape de 6 cm d’épaisseur sur 30 m² correspondra à 1,8 m³ de mortier à préparer.
Petite astuce de terrain : je prévois toujours 10 % de plus, pour compenser les pertes liées au malaxage, aux transports à la brouette, aux petites erreurs de nivellement… Sur un chantier, mieux vaut avoir un peu trop que pas assez.
Le bon dosage en pratique
Si vous travaillez à la bétonnière, voici une recette type pour un malaxage :
- 1 sac de ciment (35 kg)
- 9 pelles de sable 0/4 bien tassées
- 5 à 6 litres d’eau (à ajuster en fonction de l’humidité du sable)
Ce dosage correspond à environ 1/9 en volume ciment/sable, ce qui nous remet sur les rails du fameux 350 kg/m³. Le résultat ? Un mortier ferme mais malléable, qui se tire bien à la règle et se lisse à la taloche.
Ne cherchez pas une texture coulante comme du béton autonivelant. Une chape se tire, pas se verse ! Lorsqu’on passe la taloche, l’empreinte des doigts doit être visible sans être trop profonde : un bon indicateur visuel.
La méthode : patience, niveau et bonne humeur
Réaliser une chape, c’est un exercice de précision. Voici les étapes que je suis systématiquement :
- Préparer le support : propre, humide mais non détrempé, idéalement traité avec un primaire d’adhérence si nécessaire.
- Mettre à niveau : pose de guides ou règles de niveau pour servir de repères de hauteur.
- Effectuer les gâchées : à la bétonnière en respectant le dosage, sans surcharger les cycles de malaxage (3-4 minutes suffisent).
- Étirer et tirer au fur et à mesure : travail par bandes successives, on tire le mortier à la règle, on compacte légèrement à la taloche ou au platoir.
- Lisser : selon le revêtement futur, un lissage plus ou moins prononcé peut être nécessaire.
Un jour, sur un chantier dans une ancienne longère à Mayenne, nous travaillions sur une chape pour un sol en terre cuite. L’architecte voulait du « caractère, mais sans bosses ! » Autant dire que la planéité devait être exemplaire. Nos guides de niveau laser installés tous les 2 mètres, associés à ce dosage précis, nous ont permis un rendu parfait. Ce jour-là, mon apprenti a appris une belle leçon : « Tu ne vois plus la chape, mais si elle est ratée, tu le sens sous chaque pas. »
Temps de séchage et précautions
350 kg, c’est du sérieux, mais la chape reste un matériau à cœur lent. Voici quelques consignes incontournables :
- Temps de séchage minimum : Comptez 1 semaine par centimètre d’épaisseur (dans des conditions standards).
- Ventiler sans excès : Un courant d’air trop fort peut « brûler » la surface, la fissuration guette.
- Protéger la chape : Film plastique ou bâche pour maintenir un séchage lent et éviter le retrait brutal.
Une chape bien dosée doit offrir un support dur, sans effritement. Si vous grattez la surface avec un tournevis plat au bout de 7 jours et qu’il s’enfonce comme dans du sable, c’est qu’il manque soit du ciment, soit du temps de prise… ou les deux.
Petits pièges à éviter
Comme tout travail soigné, c’est souvent dans le détail que résident les erreurs. Voici les principaux pièges rencontrés, souvent racontés par mes collègues ou expérimentés moi-même :
- Mauvais dosage : notamment trop d’eau ! On croit que ça “tirera mieux”, mais on finit avec une chape molle et fissurée.
- Incohérence dans les gâchées : un jour, sur un chantier en rénovation, un ouvrier pressé alternait à l’œil les sacs de ciment… Résultat, deux zones avec une colorimétrie et une densité différentes. J’ai dû repasser pour rattraper les niveaux.
- Chape posée trop fine : en dessous de 4 cm, le risque de fendillement augmente, surtout sans armature complémentaire.
En parlant d’armature, sachez que sur support isolant ou sur dalle flottante, on intègre classiquement un treillis soudé ST25C, histoire d’éviter les microfissures lors des dilatations du sol.
Et ensuite ? Pose du carrelage et finitions.
Un sol bien nivelé, c’est un bonheur pour poser du carrelage. Lorsque la chape à 350 kg/m³ est correctement réalisée, le lit de colle reste homogène, la planéité est respectée à la lettre, et surtout… c’est un plaisir de travailler. Si votre carrelage est en grès cérame rectifié, style grande dalle 60×60 ou 80×80, vous n’avez pas droit à l’approximation.
Dernier mot d’un passionné : prenez le temps de bien faire les choses. Le sol est la première base du confort : un sol plan, stable, bien dosé, c’est tout ce qu’on ne voit pas… mais que l’on ressent à chaque pas.
Et si vous doutez encore, n’hésitez pas à demander conseil à un professionnel. Une chape, ça paraît simple, mais bien souvent, c’est ce qui détermine si votre carrelage tiendra 30 ans… ou 3 ans.
Alors prêt à vous lancer ? Gâche après gâche, vous verrez : ce dosage n’a pas été choisi par hasard. C’est celui des artisans qui aiment dormir tranquille une fois la truelle rangée.

